Histoire des sabots

Publié le par Sylvie

Histoire des sabots

 

 « Hier encore, dans l'Armagnac, on offrait aux promises de fins sabots de mariage, noirs, jaunes ou bleus, vernis au fer et décorés de fleurs emblématiques.
On l'essayait "en grande pompe" la veille des épousailles. Assise entre ses parents, entourée des donzellons et des donzelles, la fiancée tendait son pied. La première donzelle apportait le sabot, le premier donzellon en chaussait la promise. Et alors, à genoux, le marteau à la main, le fiancé clouait la troisse à la mesure du coup de pied, en frappant gaiement sur les petites pointes bleues. Et, tandis que la fiancée court-vêtue rougissait, les donzelles demandaient en chantant aux donzellons :
— Dis-nous, dis-nous, donzellon, combien t'ont coûté les beaux sabots ?
Et les donzellons répondaient :
— Cinq sous de bois, cinq sous de trousse, cinq sous de pointes, comme ils sont tout neufs. »

Joseph de Pesquidoux, Chez nous. Travaux et jeux rustiques (1920)


Bref, le sabot est l'un des modèles les plus réussis de la civilisation. En tant que moyen simple et résistant de protéger les pieds des pauvres et des travailleurs, de force  comme de façon et peu coûteuse, il confine à la perfection.
C'est pourquoi son style et sa fabrication sont restés inchangés depuis des siècles. Jusqu'en 2002, il y avait deux modèles de base. Le plus ancien est tout simplement un bloc de bois évidé pour y longer le pied, et façonné selon ses contours. La variante est le sabot fait d'une semelle de bois adaptée à la forme du pied, à laquelle est fixée une tige dont la matière est entièrement au goût du savetier. Il s'agit le plus souvent de cuir, comme ceux qui ont massivement chaussé les français dans les années 70, mais on trouve aussi du raphia tressé.
Il y a aussi les sabots utilisés dans l'industrie lourde ont parfois des tiges en caoutchouc, en matière plastique calorifuge, voir en métal.

Quoique essentiellement conçus pour le travail, les sabots ont été portés au fil des siècles par tous les campagnards soucieux de parcourir les sentiers bourbeux les pieds au chaud et au sec. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les gouvernements encouragèrent le port des sabots, pour résoudre le problème posé par la pénurie de matières premières. Dans un élan de patriotisme, les revues de mode photographièrent des sabots portés par d'élégants mannequins, dans l'espoir de tordre le cou à l'image péjorative du "soulier de pauvre". Rien n'y fit cependant, et la bougeoisie ne l'adopta que contrainte et forcée.

Et puis voilà que la naissance de Crocs, et son arrivée en France depuis quelques mois, révolutionne cet étât d'esprit. Il faut dire que Crocs a aussi révolutionné la fabrication des sabots !
Aujourd'hui moulés en PCCR (Proprietary Close Cell Resin) - un matériau qui se réchauffe et s'assouplit au contact de la chaleur humaine - il s'adapte à la forme du pied et se conjugue dans tous les coloris, des plus peps aux plus neutres en passant par les pastels.
Initialement conçus pour le milieu hospitalier, ils n'ont mis que deux ans pour descendre dans la rue avant de monter sur scène,  à la grande surprise de ses créateurs. Aujourd'hui, tous les milieux - des bobos branchés aux jet-setters - tout le monde craque sur le confort et les couleurs des Crocs.

Publié dans zigouzis

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